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Le magazine pour se ​cul'tiver sur la sexualité

Entretien

Entretien avec une sexologue : les questions que se posent les ados




Lucie Verdier Publié le 23 décembre 2023

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stelle Becquet est psychologue, s​exologue et thérapeute de couple à C​annes. Elle répond aujourd’hui à une s​élection de questionnements que se p​osent des jeunes du lycée Carnot.

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“Je n’ai pas envie d’avoir de relation, est-ce que c’est normal ?”

Il n’y a rien de normal ou d'anormal dans l’asexualité tout comme dans la sexualité d'ailleurs ! Il y a certaines personnes qui ne vont pas ressentir l’envie d’avoir de relations sexuelles avec quelqu’un. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il est asexuel. Quelqu’un va se définir comme “asexuel” s’il n’a jamais envie d’avoir de relations sexuelles. Pour autant, cela ne veut pas du tout dire absence de relation. On peut tout à fait être en couple sans avoir de relations sexuelles. Et après il y aussi l'aromantisme, le fait de ne pas être attiré par les autres. Ou de ne pas ressentir l'envie d’avoir des aventures romantiques.


“C’est quoi les problèmes autour de la pornographie ?”

Le plus gros problème de la pornographie c’est qu’elle peut donner une image fausse de la réalité des relations intimes. La pornographie mainstream (la plus classique et regardée qui est accessible facilement en ligne) est construite autour des notions de performance, souvent avec une non prise en compte du consentement et des stéréotypes de genre très marqué. La question du plaisir est également un problème : souvent ces jeunes vont vouloir reproduire ce qu’ils ont vu en se disant qu’il y a une séquence d’action au moment de la pénétration et qu’après, c’est fini, alors que l’important dans le sexe c’est juste de faire ce dont on a envie. Ils suivent ce qu’on appelle un “script sexuel”. La pornographie dîtes étique ou féministe est plus axée sur la notion de plaisir, notamment du plaisir féminin. Il va y avoir plus de diversité plus importante et surtout quelque chose de plus réaliste.


“Je suis une fille et je me masturbe, j’en ai parlé avec des copines, elles m’ont jugées”

Là où on va beaucoup valoriser la masturbation chez les garçons, on va la pointer du doigt chez les filles. Cette idée est associée au “slut-sahaming” : stigmatiser le fait d’aimer le sexe pour une femme tandis que ça va etre valoriser chez un homme alors que la masturbation est un très bon moyen d’apprendre à se connaitre. Si c'était plus normalisé, ce serait moins un problème et ce serait moins associé à la honte. Alors encore une fois, il faut faire comme on a envie : fille ou garçon, jeune ou plus âgé, la masturbation peut donner du plaisir.


“Je suis complexé par mon corps, j’ai peur que mon partenaire le juge”

Le sexe est un moment d’intimité où la personne “révèle” une partie de soi et donc c’est normal que les complexes physiques de chacun puissent ressortir lorsqu’il se retrouve nu. C’est pour ça que c’est important de ne pas se sentir jugé par la personne avec qui ont fait l’amour et de communiquer même si ça peut paraître dure sur le moment. Il y a aussi beaucoup de jeunes hommes qui se questionnent sur la taille de leur sexe ou de jeunes femmes qui complexent sur leurs vulves ou leur poitrine à cause du porno. Le manque de diversité de corps ou même l’épilation intégrale vue comme une norme dans les films pornographiques peut parfois même créer des complexes.


Tout le monde parle de la “première fois”, du coup j’ai peur, c’est normal d’avoir mal ?

En France, on sacralise beaucoup la première fois. Il y a beaucoup de stéréotypes et d’attentes sur la sexualité, comme le fait que ça devrait être le garçon qui prend les devants, que la fille doit se laisser guider : ça enferme dans les rôles. Il y a un fort stress autour de la première fois quand on écoute des conversations entre jeunes : beaucoup de garçons ont peur de ne pas être assez “performant” et de filles banalisent qu’elles auront mal. Il y a un énorme mythe autour de la première fois : chacun est libre d’attribuer sa première fois à ce qu’il souhaite. Il n’y a pas de raison d’avoir mal la première fois que l’on fait l’amour. Il faut parler de ses douleurs avec son partenaire car avant tout cela doit rester un moment de plaisir. Globalement chez les ados, mais aussi chez les adultes, c’est souvent lié à des fausses croyances. Le travail du sexologue, ça va notamment être de déconstruire / débloquer ces croyances.



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