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La contraception : une charge imposée aux femmes



Lucie Verdier Publié le 23 décembre 2023

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ne inégalité de sexe peu connue mais pourtant bien ​réelle : la charge contraceptive. Un rapport sexuel ​hétéro se pratique à deux, pourtant les femmes ​doivent assumer seule la volonté de ne pas avoir ​d’enfant.



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En France, en 2023, plus de 60% des femmes prennent la pilule, et même jusqu’à 68% des femmes de 25 à 34 ans ​selon une étude menée par Sheelah Delestre. Mis à part le préservatif masculin, tous les moyens de contraception ​reconnus par le ministère de la Santé sont destinés aux femmes. Entre effets secondaires et organisation complexe, ​la charge contraceptive représente un réel facteur d’inégalités entre de genre.
























Une charge qui ne diminue pas


L'article 16 de la loi Neuwirth, légalisant la pilule contraceptive en France en 1967, a marqué un tournant majeur dans ​la vie sexuelle des femmes. Cependant, au lieu d’uniquement libérer les femmes de la charge reproductive, cette ​avancée a aussi consolidé leur responsabilité dans le domaine de la contraception. C’est ce qu’analysent Cécile ​Thomé et Mylène Rouzaud-Cornabas dans leur article intitulé « Comment ne pas faire d’enfants ? La contraception, ​un travail féminin invisibilisé », publié dans Recherches sociologiques et anthropologiques en 2018. Elles expliquent ​qu'il a fallu attendre les années 1990-2000 pour que des recherches françaises mettent en évidence les contraintes ​que subissent les femmes à cause des méthodes de prévention des grossesses et des normes médicales et sociales ​qui en régissent l'utilisation. Bénéficier d'une contraception requiert de suivre des étapes contraignantes, impliquant ​des obstacles matériels, financiers et temporels. En plus de ces obligations, s'ajoute la "charge mentale" décrite par ​la sociologue française Monique Haicault en 2000. Cela représente le souci continu, parfois quotidien, des femmes ​de veiller à bien prendre leur moyen de contraception et à adapter leur planning en fonction.


















Des effets secondaires fréquents


Même s’ils ne sont pas systématiques, des effets secondaires vont souvent de pair avec la prise d’un moyen de ​contraception hormonal. “J’ai pris 10 kilos” “Je faisais la gueule tout le temps” ou encore “J’avais de l’acné partout” ​sont des phrases que disent beaucoup d'adolescentes lorsqu’elles commencent à prendre la pilule. Pas de panique, ​cela ne veut pas dire que la prise d’un moyen de contraception entraînera forcément des effets psychologiques et ​physiques. L’important est de choisir la pilule adaptée à son corps et à son mode de vie. Pour cela, il faut en parler ​avec son médecin / gynécologue et le consulter tout au long de la prise de contraception. C’est ce qu’explique Alix ​Traon, une jeune étudiante rennaise “J'ai pris la pilule à la fin de mon année de seconde. Au bout de quelques ​semaines j’ai eu une perte de libido assez forte mais je ne comprenais pas puisque j’étais jeune et que c’était ma ​première pilule. J’avais l’impression d’être moins heureuse et je pleurais très souvent. J’en ai parlé avec mon ​médecin qui m’a conseillé de changer de pilule. La deuxième était plus dosée en oestrogène mais n’a eu aucun ​impact sur mon moral. Par contre j’ai vu des effets sur mon corps, j’ai pris presque deux tailles de bonnet en plus”.




Comment répartir plus équitablement cette charge


Il existe aujourd’hui des méthodes de contraception masculine mais elles sont encore en phase de recherche. Parmi ​les plus démocratisées, il y a la vasectomie, une opération chirurgicale très connue dans les pays anglo-saxons. Il ​s’agit d’une section des canaux déférents (l’endroit où passe les spermatozoïdes). C'est une méthode permanente de ​contraception : elle peut être envisagée comme une option lorsque l'homme ne souhaite plus avoir d'enfants. Sinon ​des slips chauffants existent. C’est une méthode de contraception peu connue qui consiste à porter un slip chauffant ​qui empêche la production de spermatozoïdes. Les sous-vêtements augmentent la température des testicules ce qui ​diminue la production des spermatozoïdes. Pour Claire Moracchini, conseillère conjugale et familiale au Planning ​Familial des Alpes-Maritimes, les méthodes de contraceptions masculines devraient être beaucoup plus connues“Ce ​n’est pas normal qu’on sache comment aller sur Mars mais que les méthodes de contraception masculine restent des ​mystères scientifiques”. Elle ajoute également que la charge contraceptive peut être mieux répartie dans un couple ​grâce à la communication. “Il faut sensibiliser un maximum d'hommes, notamment chez les jeunes, pour qu’ils aident ​leurs copines ou leurs sœurs à supporter leurs contraceptions”.







Photo extraite de la vidéo “T'as pris ta pilule ? | Libres ! | Saison 02 Episode 03 | ARTE” qui explique d’une ​manière ludique cette charge contraceptive imposée aux femmes.


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