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Sciences
Quelle est l’origine de mon orientation sexuelle ?
Dunvel Ramalingum Publié le 23 décembre 2023
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omosexuel, hétérosexuel, bisexuel...Peut-être avez vous déjà utilisé ces mots pour décrire quelqu’un ou vous-même. Et si le fait d’être attiré par des filles ou des garçons était inscrit dans nos gênes?
Dans une fête de famille où vous avez invité votre meilleure amie, vous lui faites le tour des prénoms et décrivez succinctement vos proches peut-être comme ça : « Elle là bas, c’est Emma, la tante de ma mère, elle est pas méchante mais c’est une pipelette, elle te lâchera jamais si tu commence à lui parler. Lui, c’est Alex, mon cousin le plus âgé et le moins chiant, il est gay ; là bas c’est... » Comme si mon orientation sexuelle était une de mes caractéristiques ; comme la couleur de mes cheveux ou encore ma taille, comme si mon orientation sexuelle déterminait chez moi une personnalité.
Mon attirance pour les filles ou les garçons est elle inscrite en moi comme un trait de ma personnalité ? D’où vient en réalité mon orientation sexuelle?
Notre orientation sexuelle est déterminée en grande partie avant la naissance. (image : DR)
Depuis le début des années 2000, le biologiste belge Jacques Balthazart se penche sur la question. Dans son livre Biologie de l’homosexualité, il balaye les stéréotypes transmis par la psychanalyse freudienne qui voit dans l’homosexualité une origine « sociale » liée à des troubles avec ses parents durant la petite enfance. Selon lui, et comme les études les plus récentes sur le sujet le prouve : « On naît homosexuel, on ne le devient pas ».
La biologie comme réponse
Il n’y a pas un gène commun à toutes les personnes homosexuelles, c’est à dire qu’il est impossible de regarder l’ADN d’une personne et de dire par un simple regard au microscope : « Cette femme aime les femmes! » Cette affirmation est l’une des conclusions rendues par la plus grande étude menée sur le sujet en 2019 dans la revue Science. Un collectif de scientifiques anglais, américain et finlandais de grands instituts comme Harvard ou le MIT ont analysé le génome (ensemble des chromosomes et des gènes d'un individu) de plus d’un demi million de personnes.
L’étude montre cependant qu’il existe une forme de récurrence dans les gènes des personnes ayant déjà eu une relation homosexuelle. Ces individus qui ont déjà eu une relation avec une personne du même sexe (ce qui par ailleurs dans cette étude ne définit pas forcément leur orientation sexuelle), présentent toutes cinq zones du génome communes : trois communes à tous les sexes, et deux spécifiques aux hommes homosexuels, et deux autres spécifiques aux femmes homosexuelles. Les scientifiques supposent qu’il existerait en réalité des milliers des zones marquantes, et qui ensembles permettraient de donner des prédispositions à l’orientation homosexuelle ou bisexuelle d’une personne.
L’effet de ces variants génétiques reste minime et il est impossible de les utiliser pour prédire l’orientation sexuelle d’une personne. Cette recherche, tout en confirmant la particularité génétique de l’orientation sexuelle, offre un aperçu de sa complexité et de sa fluidité.