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Première consultation gynécologique : même pas peur ??


Eulalie Mérel Publié le 22 février 2024

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udeur, peur de subir des violences, d’être jugée, appréhension de l’examen… le premier rendez-vous gynéco, c’est souvent effrayant.

Il est pourtant important dans le suivi de santé féminin. Mais en quoi consiste-t-il ? Décryptage avec des membres de la communauté médicale.

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Liée à l’intimité, la consultation gynécologique est pour de nombreuses femmes une source d’angoisses. ​Particulièrement lorsque c’est la première fois. « La veille de mon premier rendez-vous, je pleurais en tremblant ​dans mon lit parce que j’avais beaucoup trop peur », confie Aude, 19 ans. Le flou qui entoure la première ​consultation alimente les craintes des jeunes femmes. « Pendant la première consultation, on parle de ​contraception, de consentement, de cycle…» , explique François Miglierina, sage-femme. « La première chose ​c’est déjà d’expliquer comment peut se dérouler une consultation selon le motif. En fonction de ça, on voit ​comment gérer la consultation ensemble », ajoute Agnès Le Gal, gynécologue.


Les nouvelles patientes redoutent le manque d’écoute de leurs médecins. « Avant ma première consultation, ​j’avais peur que mes envies, notamment dans le choix de ma contraception, ne soient pas prises en compte », ​explique Daphné, 19 ans. Agnès Le Gal rassure : « Lors du premier rendez-vous, on va discuter avec la patiente. ​Ce qui est important à ce moment-là, c’est l’écoute. On tente d’apporter un cadre rassurant et compréhensif. ».

La Haute Autorité de la Santé encourage d’ailleurs les praticiens à utiliser la technique BERCER lors de la ​première consultation de contraception. Le but est de permettre à la patiente de poser ses questions et parler de ​son projet. Puis de bénéficier de l’explication du médecin sur les différents contraceptifs, choisir en toutes ​connaissances de causes et être suivie lors d’une prochaine consultation. « Il faut vraiment prendre son temps lors ​de la première consultation puisque c’est elle qui va conditionner le suivi gynécologique pour toute la vie de la ​patiente », insiste la gynécologue. Le risque est que les femmes ayant vécu une première expérience ​traumatisante renoncent à un suivi gynécologique.



Examen gynécologique : l’éviter ou prendre son temps


L’examen gynécologique est sans doute ce que craignent le plus les jeunes femmes. « Je redoute les éventuelles ​douleurs ou sensations désagréables », explique Elise, 18 ans. Selon la gynécologue Agnès Le Gal, les inquiétudes ​autour de l’examen lors du premier rendez-vous doivent être minimes. « Il est très rare que la première ​consultation soit liée à une situation d’urgence qui nécessite un examen gynécologique. Surtout chez les moins ​de 25 ans. »


Le risque n’est pourtant pas totalement exclu et dans ce cas : « il faut procéder pédagogiquement : je prends ​grand soin d’expliquer à mes patientes ce que je vais faire. J’ai des schémas qui représentent l’anatomie de la ​femme, des explications pour bien s’installer pour l’examen… Personnellement, j’essaie d’être la plus ​respectueuse possible dans mes gestes », décrit la gynécologue. Le docteur Pierre Thomas, médecin généraliste, ​complète : « Lorsque l’on fait des examens gynécologiques, il est très important de détailler chacune de nos ​actions. Nous agissons dans le corps de la patiente : elle doit être en confiance et en contrôle. ».

Cette transparence permet de s’assurer et de respecter le consentement de la patiente. Les violences ​gynécologiques, et dans un second temps obstétrical, correspondent d’ailleurs à la plus grande crainte des ​patientes, particulièrement alertées par la médiatisation de nombreux cas.







Avant 25 ans la consultation n’implique pas forcément un examen gynécologique.

Contraception et règles sont aussi des motifs de consultation d’un professionnel (crédits : DR)

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Poils ou pas poils ?


L’examen implique aussi de se déshabiller et met au défi la pudeur des patientes. « J’avais un peu peur la première fois parce que je ne me sens pas à l’aise avec mon corps et encore moins avec mes parties intimes. J’avais peur qu’il y ait un truc pas normal ou que la forme de mes lèvres soit bizarre », explique Léa, 16 ans. L’inquiétude pour Maëlle, 19 ans, résidait dans la pilosité : « Je ne sais pas s’il y a une convention sociale sur l’épilation pour venir chez le gynéco ? La première fois, je suis venue avec mes poils et j’étais gênée. » Habituée à la question, Agnès Le Gal répond naturellement : « Poils, pas poils, je n’ai pas de jugement à émettre. Nous sommes des médecins, nous sommes là pour vous aider et non vous juger. Je ne suis pas gênée, que ce soit par des poils, des tatouages ou des piercings. » Pour Pierre Thomas la réponse est aussi instinctive : « C’est mon travail ! » .


Certaines patientes craignent aussi le jugement des médecins sur leurs orientations et pratiques sexuelles. « En tant que membre de la communauté LGBT+, je redoute de consulter un gynécologue qui ne serait pas ouvert. J’ai peur des questions qui pourraient m’être posées », témoigne Rosa, 20 ans. « Dans ce genre de cas, la communication est encore une fois très importante. On va parler des pratiques, des besoins pour adapter le suivi gynécologique. Je mets mes connaissances techniques et médicales au service de leurs besoins spécifiques », explique Agnès Le Gal. À noter qu’à ce jour, les formations en médecine et gynécologie ne sont pas toutes inclusives. « Le suivi gynécologique est une chose de très importante, quels que soient vos types de relations et types de rapports. Il faut qu’on surveille que votre activité sexuelle n’a pas d’impact sur votre santé », conclut la gynécologue.


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Qui consulter ?

Pour une consultation ou un examen, tu peux consulter un gynécologue.

Les médecins généralistes et les sages-femmes sont eux aussi habilités à effectuer le suivi gynécologique des patientes.

Ils peuvent également prescrire des contraceptifs et pratiquer certains actes gynécologiques.